Chaque année, la ville de Grand-Bassam en Côte d’Ivoire vibre au rythme de l’Abissa, une fête haute en couleurs, en sons et en symboles. Bien plus qu’un simple événement culturel, l’Abissa est un moment sacré, une rencontre entre les vivants, les ancêtres et les générations futures.

Une fête, une mémoire, un peuple

L’Abissa est célébrée par le peuple N’zima Kôtôkô, originaire de Grand-Bassam, ancienne capitale coloniale et joyau du patrimoine ivoirien.
Cette fête, vieille de plusieurs siècles, marque la fin de l’année traditionnelle et le renouveau spirituel.
Pendant une semaine, les rues de Bassam se transforment en un grand théâtre où danses, tambours et parures colorées racontent l’histoire d’un peuple fier de ses racines.

Un temps de purification et de vérité

Avant tout, l’Abissa est une fête de purification. Elle débute par un moment de recueillement au cimetière, où les vivants rendent hommage aux ancêtres.
C’est aussi le temps de dire la vérité : les habitants ont le droit, pendant l’Abissa, d’exprimer librement leurs critiques envers les chefs et les notables — sans crainte de représailles.
Cette liberté symbolique permet de rétablir l’équilibre social et de repartir sur de bonnes bases pour la nouvelle année.

Le rythme sacré du tambour “Edo N’zima”

Au cœur de l’Abissa résonne le tambour sacré, instrument mythique des N’zima. Son battement annonce le début des festivités et accompagne toutes les danses.
Les danseurs, parés de costumes traditionnels, défilent en cortèges majestueux dans les quartiers de la ville.
Chaque geste, chaque pas, chaque rythme a une signification : c’est un langage spirituel qui relie le peuple à ses ancêtres.

Un moment d’unité et de transmission

L’Abissa est aussi un rendez-vous générationnel. Les jeunes apprennent les chants, les danses et les symboles auprès des anciens.
Les familles se rassemblent, les expatriés reviennent, les visiteurs affluent du monde entier.
C’est une célébration de la fierté N’zima, mais aussi de l’Afrique dans toute sa diversité et sa richesse culturelle.

L’Abissa, un patrimoine vivant

Inscrite au patrimoine culturel ivoirien, la fête de l’Abissa est aujourd’hui reconnue comme un symbole fort de cohésion sociale et de résilience culturelle.
Elle montre que les traditions africaines ne sont pas des vestiges du passé, mais des sources de force et d’identité dans le présent.
À travers l’Abissa, Grand-Bassam rappelle au monde que l’Afrique danse toujours au rythme de sa mémoire.

L’Abissa n’est pas seulement une fête : c’est une leçon.
Elle enseigne le pardon, le respect des ancêtres et l’importance du lien communautaire.
Quand résonnent les tambours de Grand-Bassam, c’est tout un peuple qui se souvient, qui se purifie et qui se promet de rester uni.